Les cartouches pirates, un fléau de la NES au Canada


En 1989-1990, le marché canadien des jeux vidéo comprenait un volet du marché noir : les cartouches pirates, importées de Taïwan et distribuées un peu partout dans les marchés aux puces, clubs vidéo et commerces indépendants du pays, sans oublier les vendeurs individuels qui faisaient appel aux petites annonces pour vendre leurs exemplaires.

Puisque le prix d'un seul jeu neuf sur la console Nintendo frôlait les 70$ et 80$, accéder à plus de 30 jeux dans une même cartouche était une véritable aubaine. Il était donc facile de vendre des versions 110 jeux en 1 ou même des versions 260 en 1 à prix d'or. Cependant, plus il y avait de jeux sur la cartouche, plus il y avait des titres répétitifs qui se distinguaient l'un l'autre par des modifications pour en faire des variantes en ce qui a trait à la jouabilité. En plus de contenir les jeux déjà classiques de la NES comme Super Mario Bros. et Donkey Kong, ces cartouches permettaient aussi de découvrir des titres jamais officiellement commercialisés dans l'Ouest, comme Devil World, seul jeu de Shigeru Miyamoto jamais sorti ici.
 
Cliquez sur les images pour les agrandir.

En ordre chronologique : Depuis début novembre 1989 (première annonce) jusqu'à septembre 1990 (dernière pub).
Pierre a eu de la compétition. Remarquez que la dernière annonce s'en tient aux informations de base afin d'éviter tout problème juridique. Source : Journal L'Artisan
Ce marché noir a ainsi permis à bon nombre d'entre nous de jouer à Super Mario 3 plusieurs mois avant sa sortie officielle, éliminant ainsi l'effet de surprise de la scène finale du film l'Enfant génial (v.f. de The Wizard).

Super Mario Bros. 3
Gauche à droite : 110 en 1, 31 en 1 et la 260 en 1 qui sont parmis les plus populaires.
Le fameux Mario Baby qui était disponible à la location dans une chaîne de club vidéo Multi-Vidéo
Photo : eBay
Derrière cette étiquette se trouve Super Mario Bros. 2 (Lost Levels) qui était offert en location.
Bien évidemment, un adaptateur était inclus pour la faire fonctionner sur la console nord-américaine.
Étiquette que l'on retrouve en arrière de la cartouche Super 190 in 1. Elle représente tout à fait
les autres versions avec des jeux répétés avec des modifications mineures et des fautes d'orthographe, qu'elles soient délibérées ou non.
Cette cartouche est intéressante, car on y retrouve des instructions bilingues pour le marché canadien.
Photo : eBay
Finalement, l'entreprise chinoise Micro Genius est allée encore plus loin dans ses efforts de piratage, en recourant à la rétro-ingénierie pour recréer un clone physique de la Famicom (la version japonaise de la NES) qui ne nécessitait pas d'adaptateur pour faire fonctionner les cartouches pirates, qui bien souvent utilisaient le format plus petit de la Famicom au lieu du grand format des cartouches de la NES. Micro Genius a aussi commercialisé plusieurs jeux pirates individuels, dont le fameux Baby Mario (en fait, il s'agit d'un jeu de plateformes qui n'a rien à voir avec Mario ni avec Nintendo : Bio Miracle Bokutte Upa, produit par Konami, dont la seule sortie nord-américaine aura lieu beaucoup plus tard, soit en 2008 sur la Virtual Console de la Wii). Les jeux pirates de Micro Genius se démarquaient de leurs concurrents multijeux par l'ajout d'un boîtier de rangement de plastique avec une jaquette papier de couleur grise faisant la promotion de la console IQ-501, son premier modèle de famiclone aux manettes amovibles.

La console Micro-Genius avec la cartouche pirate Mario Baby 
Jeu très prisé par les collectionneurs
En fait, il semble bien que Montréal ait été une plaque tournante du piratage de la NES au Canada, comme en témoignent des articles de journaux de 1990 annonçant des saisies de plus de 10,000 cartouches pirates sur la rue Fabre et l'arrestation d'un importateur taïwanais situé à Montréal qui les vendait à plus de 350$ pièce. 


Les prix des cartouches étaient astronomique et le pouvoir d'achat n'était pas le même qu'aujourd'hui.
Pauvres parents! Ceci étant dit, ce n'était pas tous les jeux qui ont eu droit à une édition pirate. 
Bien évidemment, il y en a eu une tonne de ces cartouches, mais si vous êtes un peu plus curieux,  le site de Nintendo Age offre une base de données des cartouches pirates :

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